J'ai toujours été un enfant calme, le genre d'enfant dont les parents peuvent aisément se vanter d'avoir élevé. Bien élevé, gentil, mignon, bon élève, tout le contraire de ma sœur Chan Mi, de cinq ans mon ainée. Elle, elle a très vite compris que pour se démarquer et être quelqu'un, il fallait sortir de l'ordinaire. Mademoiselle s'est vite rebellée contre l'autorité parentale, son comportement devenant peu à peu l'exemple type de ce qu'il ne faut pas faire : caprices en tout genre, fugues d'un soir, soirées dans le dos des parents, absences répétées en cours... Quelques jours avant sa majorité, Chan Mi a quitté la maison du jour au lendemain, me laissant alors seul avec des parents bien plus exigeants qu'avant. J'allais sur mes 17 ans et c'est là que nous avons déménagés. Jusque là je menais une vie tranquille en plein coeur de Busan, mais notre déménagement dans la province de Cheonan a chamboulé bien des choses.

Les élèves de mon nouveau lycée s'étaient pour le moins montrés accueillants avec moi; il parait que c'était parce que j'étais entouré d'une aura chaleureuse et agréable. J'étais aimé, donc, Puis il est entré dans ma vie.

J'avais une petite-amie. Je l'ai quittée. Personne n'a jamais comprit pourquoi, elle encore moins. Pourtant mes raisons étaient claires, même si j'étais le seul à comprendre. Pourquoi désirer la médiocrité quand la perfection s'offre à nous ? Dès que je l'ai vu, je l'ai aimé. Il était seul, semblait perdu et je détestais déjà tous les regards qui se posaient sur lui. Je me suis rapproché de lui, je savais qu'il me faisait confiance, j'étais comme un pilier dans sa nouvelle vie. Je sentais que j'avais le devoir de le protéger, et moi qui étais sociable, je me suis peu à peu fermé aux autres. Il envahissait mes pensées, à longueur de journée. J'attendais avec impatience les moments où je pourrais admirer son sourire, le toucher ou le frôler, toujours par « accident » évidemment. Plus le temps passait plus je le voulais. De tout mon être, je voulais ce petit corps, ce petit homme pour moi, et exclusivement rien que pour moi. Alors, un jour où nous étions seuls, dans une pièce noire et bien trop petite, je lui ai fais l'amour. Et à partir de ce jour-là, j'ai re-commencé, encore et encore. J'aimais savoir être le seul à pouvoir l'approcher, le toucher, et je l'aimais lui, sa pureté, sa naïveté, sa beauté. Dans son dos, je menaçais tous ceux qui osaient encore se moquer de son physique d'apparence fragile, tous ceux qui osaient juste poser leurs yeux sur celui qui désormais m'appartenait. Il était à moi et je lui appartenais.

Mais il est partit, du jour au lendemain. Il ne venait plus en cours, j'avais l'impression de devenir fou. Il était tout le temps dans mes pensées. Je croyais le voir partout où j'allais, mon corps réclamait le sien. Quelques rumeurs ont commencées à circuler, comme quoi c'était de ma faute.. certains élèves ont même dis que j'avais abusé de lui. Mais c'est faux. C'est faux, car il m'aimait lui aussi j'en suis sûr, je le sais.. j'étais son seul ami, il ne pouvait que m'aimer, il ne pouvait que vouloir de moi comme moi j'avais envie de lui.. il était comme ma propriété, rien que pour moi, je ne voulais pas lui faire du mal.. il ne disait jamais rien lorsque je passais à l'acte, se laissait faire, mais je suis sûr qu'il le voulait autant que moi. Je l'aimais et je l'aime encore. Mais je désespérais. Il était introuvable. J'ai commencé à sortir tous les soirs moi aussi, alternant entre clubs d'hôtes et boites de nuits branchées -ou pas-, à coucher à droite à gauche, mecs ou filles peu m'importait finalement, tant qu'ils lui ressemblaient. Aujourd'hui, je sais, je sens que ce petit homme n'est plus très loin de moi. Et lorsque je le retrouverais, je rattraperais tout ce temps de perdu, passé si loin de lui.