Je suis né il y a bientôt 22 ans. Au Japon, et pour cause, ma mère est japonaise. C'est aussi la raison pour laquelle je m'appelle Haru. Ça signifie « printemps » en japonais et « jour » en coréen. C'est d'ailleurs assez étrange pour les coréens mais heureusement, j'ai passé la plus grande partie de ma vie au Japon. J'y ai vécu jusqu'à l'age de 14 ans. Et ces années furent sans doute les plus belles de ma vie.
Car lorsque je suis venu vivre ici en Corée avec mes parents, j'ai commencé à changer et à me rebeller disons.
Un changement d'environnement en plein adolescence n'était peut être pas non plus la meilleure chose à faire et je l'ai assez mal vécu.
Pas que je n'aimais pas la Corée ou quoi que ce soit, mais je perdais tout. Mes amis, mon pays, mon sourire et mon humour par la même occasion. De plus, mon coréen était à l'époque loin d'être parfait et cela n'a rendu l'intégration que plus difficile encore. Je ne faisais pas non plus beaucoup d'efforts, ni pour m'intégrer ni pour apprendre cette langue qui était pourtant également la mienne.
Je rejetais en bloc tout ce qui venait de ce pays, enfin, presque. En y repensant, c'était assez stupide de ma part car je ne faisais que me compliquer un peu plus les choses. A croire que j'aimais souffrir. Mais j'avais l'excuse d'être perdu et de ne pas savoir comment réagir.
Mes parents m'avait fait intégrer un collège coréen dans lequel j'étais traité et regardé comme un alien. Les autres élèves me parlait comme si j'étais attardé et je leur répondais en un coréen de moins en moins bancal.
Malgré ma mauvaise volonté, je n'avais pas d'autres choix que d'apprendre. Parce que j'ai toujours été hyper sociable et qu'une vie sans amis ne vaut pas la peine d'être vécue à mes yeux. Alors je me suis fait des amis, des amis qui m'ont fait découvrir Seoul dans toute sa splendeur et qui m'ont appris à aimer cette vie ici, cette ville, ce pays.
Ces amis, je les ai également suivis au lycée. Époque à laquelle j'ai commencé à me révolter en dehors de chez moi également. Jamais en milieu scolaire évidemment, je n'était pas si stupide. Mais je sortais tout les week-ends. Et je n'allais pas jouer au bowling en buvant du jus d'orange. J'allais en boite, en soirée, je buvais, je fumais et pas que des cigarettes. Même si cela restait occasionel et plus ou moins maitrisé, ce n'était pas non plus une bonne chose. Je le savais. J'avais aussi un autre hobby, le sexe. Je sortais pour rencontrer des gens, n'importe qui, je n'étais pas bien difficile, je n'exigeais pas la perfection, juste quelqu'un qui puisse me supporter pour une nuit. Je n'avais pas vraiment de limites non plus, ça a duré comme ça pendant des mois. C'était devenu une routine, une habitude. Je n'avais parfois même pas besoin de sortir. Je pouvais très bien rencontrer des gens au lycée, dans la rue, n'importe où. Tant qu'ils me plaisaient.
Tout s'est arrêter le jour où je suis tombé amoureux. La fille parfaite. J'aurais tout fait pour elle, n'importe quoi. Et je le ferais encore. Malheureusement, notre histoire s'est terminée beaucoup trop vite. Et beaucoup trop brusquement. Alors je n'avais plus de choix. Si je ne voulais pas finir en hôpital psychiatrique pour dépression, je devais oublier. Et quel meilleur moyen que de reprendre mes activités nocturnes ?
Il y a des gens qui se morfondent devant leur télé en mangeant de la glace, moi, je sors et je m'amuse comme je peux.
Je ne suis pas à plaindre, et je ne veux pas me plaindre. Je ne veux pas déprimer et je ne veux pas non plus faire pitié. Alors je trouve un moyen d'oublier. Comme je peux.
J'essaie de rester celui que j'étais. Le Haru que tout le monde connait, celui qui est toujours content, qui rit tout le temps et qui est toujours la plus pour les autres que pour lui-même.