Alors, je vous le dit tout de suite, je vais pas m’étaler sur ma naissance, tout simplement parce que je m'en souviens pas. Comment ça, vous oui ? Bah vous êtes des petits génies ! Moi me souviens à peine de mes trois ans. Alors, me souvenir de ma naissance, pas possible. Je sais que j'ai une maman et un papa qui travaillent dans le cinéma, les dramas et tout ça, ils m'ont eu jeune. M'enfin, c'est tout ce que je sais d'eux. Je ne les ai jamais retrouvé, je les ai à peine connus. Je pense qu'ils sont morts, ils ont du être tués par mes ravisseurs. C'est quand même dingue hein... Ceux qui m'ont kidnappés savent tout de ma vie, de mes parents, mais moi, je ne sais rien d'eux ni même de ma vie.

Je vous raconte cette partie sombre et froide de ma vie. Sombre et froid, c'est pas rien de le dire. En fait, quand j'étais petit, un marchand de crèmes glacées passait tous les jours dans la rue où j'habitais avec ma nounou (mes parents étaient toujours en déplacement) sauf que ce jour là, ils étaient là. J'étais un bien heureux, j'étais mignon, j'étais un enfant de cinq ans. Alors que je gambadais jusqu'à la camionnette, arrivé à la hauteur de celle ci, des hommes en noir sortirent de la voiture et m'attrapèrent. Ma nounou voyons ça, elle essaya de me rattraper, mais j'entendis un coup de revolver et un bruit sourd juste après. Je n'osais pas m'imaginer de quoi il s'agissait. De toute façon, je ne pouvais rien voir. Juste après ça, je m'endormis dans un sommeil lourd, long et profond.

Je me réveillais, allonger sur un sol glacé et dans une pièce sombre. J'ai vécu là dedans jusqu'à l'âge de mes dix sept ans. Après, ils ont décidé de me laisser partir. Je ne connais rien de ma vie, je ne connais rien dans le vie. Je ne sais pas ce qu'est une personne normale, une personne qui ne fait de mal à personne, je ne sais pas lire, je ne sais pas écrire. Mais malgré le fait que l'on m'ai fait autant de mal, j'ai réussi à garder mon caractère enfantin, mon caractère bon joueur, je ne faisais que fermer mon cerveau à ce qu'ils m'avaient fait. En fait, j'étais drogué, saoulé. Ils abusaient de moi comme ils le désiraient, me battaient... Mais dans le tas de ces grosses brutes, il y avait le chef de la bande. Ce chef là était... Gentil quand nous n'étions qu'à deux. Redoutablement effrayant quand nous étions en groupe. J'ai vécu quand même de bons moments. Et croyez moi, c'est déstabilisant quand quelqu'un vous rassure, vous écoute, vous amuse et qu'à un autre moment, cette même personne vous drogue et vous viole. Mais ça, j'étais prévenu. Il m'a dit un jour

« Je serais ton père quand ils ne seront pas là. Quand ils seront là, je serais ton ennemi »

Et il n'avait pas pesé ses mots. Je comprenais ce que voulais dire « père » et « ennemi ». Enfin... Quand j'eus atteint mes dix sept ans, une âme charitable me délivra de cet enfer.

A cause de cette expérience, je suis illettré, je suis peureux, mais je reste joyeux. Aussi, je ne veux pas révéler à qui que ce soit cette période noire. Alors, je ment, je m'invente une vie. Je n'ai pas le choix, je ne veux pas que toute la Corée du Sud connaisse ma vie... Mais je ne ment pas par plaisir... Je déteste ça... Alors, je me contente de m'inventer une vie... Maintenant j'ai vingt ans, je suis toujours dans la merde, parce que j'ai été sorti de l'enfer, mais un autre commençais juste après ça... Je devais me faire de l'argent, apprendre à lire et à écrire, apprendre à connaître les gens, effacer ma paranoïa, devenir un homme et sortir de mon enfance... Chose que je n'ai toujours pas en mains.