Être née en Californie, dans l’une des villes les plus connues du monde, c’est super, n’est-ce pas ? Il faut dire que je suis plutôt contente que mes parents habitaient là-bas pendant ma naissance, j’ai cette superbe nationalité qu’est l’américain en plus de mes origines coréennes de par mon père. Mais c’est tout ce qu’ils ont fait de bien pour moi, finalement. J’ai toujours détesté la façon dont ils essayaient de m’éduquer, la façon dont mon père me claquait lorsque je disais quelque chose de mal. Ce n’était pas extrêmement violent, tout du moins j’avais pris l’habitude et essayais de ne rien dire en sa présence, mais c’était trop. Dès que j’ai pu entrer en internat, j’y suis allé. Peu m’importait si l’école n’était qu’à deux ou trois blocs de ma maison, il fallait que je vive au moins la semaine en dehors de la maison familiale. Puis, je leur disais toujours que j’arrivais mieux à travailler comme ça. Au début c’était un simple mensonge, mais finalement grâce à cela j’étais l’une des meilleures élèves des écoles où j’allais – oui, j’étais et je suis toujours intelligente. J’ai fait des études dans une section quotté masculine : l’informatique, c’était ce qui me plaisait. J’ai réussi dans ce domaine, ma sœur n’a pas même voulu entrer au lycée – je faisais presque la fierté de mes parents, si ce n’est que je m’en fichais royalement. Oui, je déteste ma famille, vous devez l’avoir remarqué. Je préfère de loin mes amis. L’amour ? Ne m’en parlez pas. Je suis bien sorti plusieurs fois avec des mecs, je m’attachais a d’autre sans rien dire, je me suis même attachée de trop à une fille, une seule fois, mais rien. Non, ce qu’ils aimaient chez moi, c’est mon physique. Non pas que je ne suis pas fière de mon physique, loin de là j’en suis plutôt fière et j’en profite même, mais ce n’est pas comme ça que je voulais me faire aimer. Le physique est la première chose que l’on voit chez l’autre, mais le fait qu’ils n’essayaient pas de me comprendre, de savoir ce que j’aimais et compagnie… Non, je ne peux tout simplement pas sortir avec quelqu’un qui m’aime que pour mon physique. J’ai de temps en temps souffert de cet amour, mais maintenant je m’en fiche totalement. Et je me venge, pour mon plus grand plaisir et celui de mes poches. Oui, vous avez bien compris : des poches. Être une demoiselle pro en informatique sert sacrément à quelque chose quand on veut se venger ! Non, pas de virus dans l’ordi d’untel, pas de prise de photos indécentes chez telle ou telle personne. Mieux que ça. Je suis considéré comme un phreaker, ou pour parler tout simplement une hackeuse qui détourne de l’argent pour son profit. Eh oui. Hayley Davis, Elena Williams, Choi Mi Na… tous ces noms sont les miens, et encore, ce ne sont que trois parmi des dizaines. Dieu que ces personnes étaient idiotes d’envoyer de l’argent à une personne qui ne se montre jamais. C’est grâce à l’idiotie et la naïveté de tant de personnes que j’ai réussi à être assez riche. 500 dollars chez l’un, 20 petits dollars chez l’autre… À force, le portefeuille grossi vite. Mais je me suis fait arrêté, malheureusement. J’ai dû avoir une petite minute d’inattention, je n’ai pas changé de serveur assez souvent pour ne pas me faire chopper… J’ai risqué gros, mais je m’en suis sorti avec une amende qui équivalait à peu près le quart de ce que j’avais soutiré – c’est pour dire rien du tout finalement. Je ne sais plus vraiment qui j’ai hacké, mais je me souviens surtout que j’ai séduit un jour le copain de ma sœur, qui m’avait donné mille dollars pour que je m’achète des sous-vêtements de marque – histoire de les lui montrer, vous vous doutez bien. J’ai eu un choc quand j’ai vu ce même garçon dans la chambre de ma petite sœur, mais bon tant pis pour elle si elle se fait tromper. Enfin, depuis ce moment-là, je suis parti vivre en Corée du Sud, dans la capitale plus exactement. Il valait mieux que je change d’air pour un tout autre objectif, non ? Cela me permet plus facilement de cacher ce que j’ai fait à ma famille et à mes amis de là-bas, même si j’en suis fière, je ne veux pas qu’ils voient le mauvais côté, qu’ils croient que je vais les arnaquer eux aussi. Je n’en parle pas non plus à mes amis ici, pour la même raison. Cela fait à présent trois ans que je vis à Seoul, et je m’y plais plutôt bien. Je ne suis pas du genre à être vraiment extravertie, mais j’ai de bons amis et de bonnes connaissances pour passer des moments sympathiques le soir – des moments où je peux me lâcher énormément, sexuellement parlant à vrai dire. Oui, je suis libertine, ça ne me dérange pas de coucher avec quelqu’un, tant que je n’ai pas de sentiment pour eux. Je n’ai pas dans l’objectif de les revoir, mis à part si ce sont des amis – mais on se met toujours d’accord si c’est ainsi. Enfin soit. Je ne travaille pas dans l’informatique comme vous devez espérer, mais je cherche à devenir styliste. J’ai toujours aimé le shopping et j’ai une façon de m’habiller qui est totalement différent des coréennes aujourd’hui, c’est pourquoi j’ai envie de tenter de devenir styliste professionnelle. Pour le moment, je travaille deux jours sur sept dans une boutique où j’apprends le métier de stylisme tout en prenant des cours par correspondance, et je finance ma vie à Seoul grâce à un petit boulot dans un café. Je suis polyvalente ? Oui, je le suis assez je trouve.